Nature humaine

31 Août 2019 , Rédigé par Pierre I. Publié dans #Les planches de Pierre

Quand Rousseau a écrit :

« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire  « ceci est à moi » , et trouva des gens assez simples pour le croire »,  fut le vrai fondateur de la société inégalitaire. »

Il a exprimé une idée de génie qui, reprise par les Lumières,  allait inspirer les rédacteurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen  de 1789.

Mais quand il a développé sa théorie du  « bon sauvage »  selon laquelle « l’homme serait naturellement bon quand il vit seul,  à l’état de nature,  mais que ce serait la société qui le pervertit » il n’a pas l’esprit scientifique,    il n’utilise pas les bons termes qu’il aurait utilisés 50 ans plus tard.  Le « bon sauvage » est une fiction et « l’état de nature » aussi.   Le genre homo, comme tous les primates est un animal social, facilement querelleur, qui vit en communautés hiérarchisées  depuis plus d’ 1 million d’années. Il est probable  en effet , que les sociétés humaines du paléolithique vivaient sur un mode plus égalitaire que les sociétés qui ont suivi la révolution agricole du néolithique, ce qui confirme la grande idée de Rousseau : plus la société est complexe, plus elle génère d’inégalités, et plus de querelles, mais ça n’apporte aucune solution.   Alors dire comme Rousseau que l’homme est bon, ou comme Hobbes  que l’homme est un loup pour l’homme ne sont pas plus utiles l’un que l’autre pour résoudre le problème des inégalités.

Mais ce dogme de la bonté supposée de l’homme primitif  a quand  même contaminé la pensée des Lumières et des premiers acteurs de la Révolution française qui ont érigé en dogme la supposée bonté naturelle du Peuple.

« Le peuple  est bon »  affirmait Condorcet, et grande fut sa surprise quand eurent lieu « Les Massacres du 2  Septembre 1792  dans les prisons, massacres  de prêtres réfractaires perpétrés par le bon peuple.

Le plus naïf des philosophes des Lumières, Condorcet, avait certes de bonnes raisons de penser que l’analphabétisme, l’obscurantisme étaient à l’origine des comportements délictueux des classes populaires, mais il était tout à fait utopique de sa part de croire qu’il suffisait « d’éclairer » le peuple, de l’instruire, de remplacer une morale religieuse, venue d’en haut,  « hétéronomie » , par une morale dictée par la seule raison, « autonomie » pour que le Peuple retrouve sa bonté naturelle.

Hélas ! la suite lui prouva que non.   En fait la notion de bonté, supposée pouvoir être attribuée à l’homme, n’est pas un concept scientifique. 

Ce n’est que beaucoup plus tard, après Darwin,  après les travaux des généticiens, des Paléo anthropologues, qu’on a compris que l’homme est le résultat de l’évolution , et que l’on retrouve chez ses proches cousins, tels que par exemple les chimpanzés, les mêmes comportements que l’on pensait être exclusivement humains, comme la solidarité, l’entraide, et…… la compétition entre  mâles,  etc.

Et ce n’est que depuis peu que l’on peut  imaginer  quels sont les mécanismes qui induisent les comportements humains.

--L’homme est un animal social. Il a donc besoin de « reconnaissance sociale » pour être intégré au groupe ; cette reconnaissance implique une petite dose de concurrence entre les individus ; Il faut faire sa place. Chacun pense être supérieur à son voisin ; et comme l’a montré René Girard chacun désire posséder autant ou même plus que ce que possède  son voisin ; c’est le fameux «  désir mimétique ».

Les fouilles archéologiques   ont révélé que très tôt les hommes étaient atteints de mégalomanie et ont construit des bâtiments surdimensionnés ; palais gigantesques, Pyramides, mégalithes, etc….Et encore aujourd’hui la taille exagérée des maisons, des autos, des bijoux, des monuments funéraires, sont des marqueurs sociaux très utilisés et très efficaces.

--Homo sapiens a un cerveau dont il est très fier parce qu’il  lui permet d’accéder à la rationalité.  L’ennui est qu’il ne l’utilise presque  jamais à cette fin.  En pratique ce sont les émotions qui orientent les décisions et les croyances de l’homme.  Pire ! !ce cerveau est incapable de discerner, parmi les informations qu’il reçoit, celles qui sont réelles de celles qui sont imaginaires. Comme le dit Edgar Morin ;  « L’homme est un être qui sécrète le mythe et la magie, un être possédé par les esprits et les dieux, un être qui se nourrit d’illusions et de chimères, un être soumis à l’erreur….. »

--Darwin, dans son dernier ouvrage , « Descent of man » écrit en 1860,  explique comment la sélection sexuelle se substitue souvent à la sélection naturelle.. De quoi s’agit-il ?  Les femmes qui savent qu’elles seront fragilisées pendant la grossesse et la lactation sélectionnent les partenaires sexuels les plus forts, les plus malins,  et les plus agressifs susceptibles de les protéger le plus efficacement.  Ce caractère s’est transmis ensuite par les voies de la sélection  et a accru le degré de violence dans les  populations.  Le temps passé à faire la guerre, bien qu’en diminution depuis le 19° siècle,  était considérable à partir de l’âge du bronze et du fer  (3000 ans avant jésus Christ).

La violence n’était pourtant pas une fatalité chez l’homme ? Pensons aux bonobos qui ne sont pas violents, alors que les chimpanzés, très voisins génétiquement, sont hyper violents. Les hasards de l’évolution auraient pu produire des hommes moins violents

-Quoi qu’il en soit , il semble qu’après la fin du paléolithique, époque où les chasseurs cueilleurs vivaient dans des communautés à peu près égalitaires, lors de la révolution néolithique sont apparues des structures nouvelles, des villages, des villes, des états , des empires qui étaient très hiérarchisées, avec un chef, roi ou empereur, qui souvent ne résistait pas à la tentation de se considérer comme un dieu, puis des prêtres, des ministres, puis les citoyens, souvent uniquement de sexe masculin,  puis des travailleurs, ouvriers et paysans,  et enfin des esclaves, de nombreux esclaves, souvent capturés lors de combats avec les tribus voisines dont les membres étaient qualifiés de barbares, ceux dont on ne comprend pas la langue. 

Lévy Strauss a bien expliqué comment l’ethnocentrisme réglait  les relations entre communautés étrangères et dégénérait parfois en racisme.

Et l’Histoire a démarré,  racontée  comme dit Shakespeare par un idiot,    pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.  Différentes communautés humaines se sont succédé, plusieurs civilisations prestigieuses se sont épanouies, puis se sont éteintes.  Mais en règle générale toutes les sociétés se sont développées  selon un mode inégalitaire, avec un chef, des très riches, des riches, des moins riches, des un peu pauvres, des pauvres et des misérables.

Cela a duré, avec des révoltes sporadiques, mais  sans poser vraiment de  problèmes,  jusqu’au XVIII° siècle , siècle des Lumières, où des hommes de génie comme Beaumarchais, Diderot, J.J. Rousseau, Montesquieu, Voltaire, D’Alembert, Leibnitz, Emmanuel Kant etc, etc  ont ouvert la voie à la Révolution  Française de 1789.

Le fait majeur de la Révolution française de 1789 est la  Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, et je vais y consacrer quelques instants. 

« Considérant que l’oubli ou le mépris des Droits de l’homme sont les seules causes des malheurs publics,    les représentants du peuple français, réunis en Assemblée Nationale  ont résolu d’exposer dans une déclaration solennelle  les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme. »

Première remarque : invoquer une seule cause des malheurs publics, une

seule ?  Ce n’est pas possible.  Tout est multifactoriel. Il y a donc d’autres causes

Deuxième remarque : droits naturels inaliénable et sacrés !  Qu’est-ce que ça veut dire ?  Quels sont-ils ? Y-a-t-il vraiment  des droits naturels ?  A vrai dire, on n’en sait rien.   Pour qu’il y ait un droit, il faut qu’une instance morale les ait institués. Alors qui ? Peut-on dire, à propos d’un petit homme qui débarque à la naissance   sur notre planète hostile qu’il a naturellement  « droit à la vie » alors que sa vie est dès le départ menacée par des prédateurs, ou des catastrophes naturelles ? Que penser de la mortalité des nouveau-nés jusqu’au XIX° siècle ? Si le bébé survit, il  le doit à la chance, pas à un droit sacré.

Les philosophes, comme Pierre Manent, qui ont réfléchi sur cette question des Droits Naturels, sont seulement arrivés à la conclusion que l’homme nouvel arrivant à la vie,  s’il veut survivre a pour obligation de s’intégrer dans une communauté, de collaborer au travail de cette communauté, d’avoir un comportement juste et honnête,  qu’on peut même qualifier de noble. 

Oui ! certes !   Mais ce sont là des obligations, pas des droits.  Peut-on dire des hommes du néolithique qu’ils étaient, au sein de leur société hiérarchisée  libres et égaux ?  Bien sûr que non .

Et c’est justement là que réside le génie des hommes des Lumières, d’avoir voulu   « changer le monde » faire La Révolution !, bâtir un monde meilleur,  créer des Droits là où régnait la loi de la jungle.

Il n’est pas sacrilège de dire que Les  Droits de l’Homme ne sont pas des droits naturels,  mais seulement une idéologie, puisque c’est finalement  une idéologie utile, très utile, qui a permis, au fil du temps, de lutter contre l’absolutisme du pouvoir, le sectarisme religieux, les discriminations raciales, les pouvoirs totalitaires de l’antisémitisme, et qui a permis de sauver des vies et de rédiger pour les états des constitutions démocratiques.

Quelle est la source de cette géniale idéologie ?  C’est la Franc Maçonnerie., surtout du Grand Orient.  Car, comme l’a montré François Furet, ce sont dans les loges maçonniques comme  les « Neuf Sœurs » fréquentée par Voltaire, et surtout les loges issues du Grand Orient récemment réorganisé en 1773 qu’ont été discutées et vulgarisées les idées nouvelles.  Et même le  Franc Maçon La Fayette qui est allé combattre aux côtés de son Frère Franc Maçon Georges Washington a vulgarisé en France les grands principes de la déclaration d’Indépendance des EU de 1776., déclaration d’indépendance qui a partiellement servi de modèle aux législateurs français.

(Entre  parenthèses :  « les américains avaient oublié les esclaves et les indiens qui, longtemps, ne furent ni libres ni égaux ! ! C’est venu plus tard, avec Lincoln….).  Il ne faut pas le dire……. Mais ce fut pareil en 1948, …. et ça continue…….

La Franc Maçonnerie ! Qu’est-ce que c’est ? Il y a plusieurs obédiences, qui ont chacune leurs rituels spécifiques, Certaines pensent avoir leurs origines dans une tradition très ancienne le Temple de Jérusalem, . Les Croisades ?.   Mais le Grand Orient de France fut, lors de sa rénovation en 1773, une adaptation d’une tradition ancienne à la modernité de l’époque, puis il fut bonapartiste , et sa forme actuelle date des débuts de la 3ème République.

Si certaines obédiences exercent leurs activités essentiellement, par l’étude des symboles, à la recherche d’un savoir d’ordre supérieur qui les aiderait à trouver un équilibre psychique et moral, le Grand Orient de France a pour but de changer le monde.   C’est surtout une école de perfectionnement personnel, Sa mission est le perfectionnement  de l’homme. Améliorer l’homme pour améliorer la société.  Ce qui implique de se  connaître soi-même  pour devenir meilleur et rendre cette amélioration contagieuse.  Certes il est impossible de vraiment se connaître soi-même, mais l’examen de conscience est toujours fructueux car il nous apprend au moins l’humilité.  Pratiquer la tolérance mutuelle, respecter le liberté de conscience et pratiquer la Fraternité.  La Fraternité permet aux hommes d’être solidaires entre eux, et non pas adversaires.  C’est le seul moyen de combattre les inégalités.

La Franc Maçonnerie a été très active et efficace au début de la  III° République.  Elle est à l’origine de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’ Etat.  De nombreux partis politiques, parti radical surtout, parti socialiste, avaient de nombreux francs Maçons dans leurs rangs , et malgré  les nombreux   scandales de la III° République  ce sont eux qui surent le mieux préserver les valeurs républicaines.

Mais comme la Franc Maçonnerie  condamnait le racisme et l’antisémitisme elle a été dissoute en juillet 1940  par Pétain, antisémite notoire,  et persécutée par les nazis.  Les loges furent dissoutes ; leurs biens confisqués,  les francs maçons exclus de l’administration. Certains, hélas ! trahirent leur serment maçonnique et votèrent pour Pétain.,  Mais  d’autres se conduisirent en héros, comme Jean Zay et Pierre Brossolette.

La lutte contre les régimes totalitaires et fascistes fut la grande affaire des années 40 et 50  Lutte militaire,  combat politique et prescriptions morales   De nombreuses personnalités, politiques, militaires, intellectuelles, ont réfléchi à la meilleure façon de reconstruire  un monde pacifique  et fraternel  après la victoire de mai 45.  Citons  le CNR,  Conseil National de la Résistance de Jean Moulin,  qui préconisa les mesures économiques et sociales à prendre après la Libération, dont la Sécurité Sociale dont le principe était                                           

         « De chacun selon ses moyens ; à chacun selon ses besoins. » 

Le préambule de la Constitution de 1946, qui fut repris à chaque changement de régime ; insistait avec force sur les droits et devoirs proclamés par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen  de 1789.  Et il ne faut pas oublier la pensée de la philosophe Simone Weil qui rédigea à Londres en 1943 un ouvrage remarquable intitulé « Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain » qui s’ouvre par cette  fulgurante affirmation ; « La notion d’Obligation prime celle de Droit qui lui est subordonnée et relative. »  Simone expose aussi les besoins de l’âme humaine qui ne se limitent pas à avoir des Droits. L’homme a aussi besoin d’ordre, de Liberté,  d’obéissance, de responsabilité, d’égalité, de hiérarchie, d’honneur, de châtiment, de liberté d’opinion, de propriété privée, de vérité……..

Tout cela est bien gentil ; quelques promesses furent tenues, comme la Sécurité Sociale, le vote des femmes, la restauration du régime démocratique de la République, etc, mais  L’ONU rédigea une déclaration universelle  des Droits de l’Homme qui ignora complètement la notion d’obligation de Simone Weil et le principe des « besoins de l’âme ».  Elle n’est que l’accumulation du plus de droits possible sans aucune référence à la vertu du citoyen, à ses devoirs,  à sa valeur, aux limites de la liberté imposées par la liberté d’autrui, et par  le respect de l’ordre public.  La Déclaration de 1789 est un des chefs d’oeuvre de la langue française.   La Déclaration de 1948 est écrite en américain.

Bref :  Tout de suite les soucis refirent leur apparition, avec la guerre froide, la guerre de Corée, guerre d’Indochine, guerre d’Algérie, etc, guerre, guerre…..

Et puis il a fallu reconstruire la France ; l’activité économique a été relancée ; ce furent les 30 glorieuses. La France était heureuse, jusqu’en ……. 1973 ; 1er choc pétrolier.  Aïe !! Le Moyen Orient, dont l’Arabie Saoudite coupait le robinet d’essence.  Il y avait déjà à l’époque  des écologistes qui tiraient la sonnette d’alarme, comme René Dumont, qui fut le premier candidat écologiste à l’élection présidentielle en 1974, ou le Club de Rome qui prévoyait l’épuisement rapide des réserves de pétrole.   Mais très vite on oublia ces sirènes porteuses de soucis on n’y pensa plus, on paya le pétrole au prix fort et la surconsommation  d’essence et l’émission de gaz à effet de serre reprirent de plus belle.

1979 !!  Année décisive marquée par quatre  événements qui décidèrent de l’avenir du monde. 1) L’instauration du capitalisme libéral par Thatcher puis Reagan, 2) La proclamation de la « République Islamique »  avec Khoméini. (retour triomphant de l’obscurantisme),  3) l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS, ce qui eut comme conséquence  sa chute 10 ans plus tard.  4)  la montée en puissance du terrorisme islamique dirigé au début par Ben Laden

Margaret Thatcher, puis Ronald Reagan peu après , instaurèrent le néocapitalisme libéral.  Le principe était de favoriser les échanges commerciaux dans le monde –mondialisation- sans se soucier de l’utilité  ou de la nécessité  des produits concernés. L’important était le Profit.  C’était le triomphe de la société de consommation dont la réussite se mesurait par le taux de croissance.  Ce principe de    croissance continue     fut adopté bien que l’on sût  que les arbres ne montent pas au ciel. Il fut pourtant la cause de l’enrichissement fabuleux d’une partie privilégiée de la société.

Pendant longtemps le rapport entre le salaire de l’ouvrier du bas de l’échelle et le salaire du patron resta dans des limites acceptables.

Il fut un temps de 1 à 4, il y a longtemps ; en 1945 il était de 1à 10, ce qui ne choquait pas les Français de l’époque ; en 1965 il passa à 1 à 20 !  en 1990  de  1 à 60.  Après on ne compte plus ;   C’est l’ère des milliardaires. Un simple exemple ; aujourd’hui  les 30 milliardaires les plus riches détiennent autant que la moitié la plus pauvre du reste du monde.

Curieusement l’effondrement de l’empire soviétique en 1990 suivi de la chute du mur de Berlin fut interprété par l’historien japonais  Fukuyama comme «  la fin de l’histoire » puisque, d’après lui, il y avait maintenant un consensus pour considérer le régime démocratique capitaliste et  libéral comme le meilleur mode de gouvernement  qui allait être adopté par l’ensemble des  nations mettant fin ainsi aux conflits.   ……. Naïveté !!!!!!

En fait ce n’était pas une victoire du capitalisme vainqueur de la guerre froide contre le communisme. Le communisme s’était effondré tout seul.

Et le capitalisme libéral a eu des effets  dont nous commençons à mesurer la perversité..

Création d’un société inégalitaire avec des super riches  milliardaires  qui s’imaginent être d’une essence supérieure et qui veulent dominer le monde,  et à l’autre bout de l’échelle  des super pauvres qui ne se  sentent plus appartenir au monde commun puisqu’ils sont ignorés par les classes supérieures. Ce sont eux que Simone Weil nomme les  « déracinés. »

Une société de consommation telle que,   si chacun des 7 à 8 milliards d’habitants de la planète consommait autant d’énergie qu’un citoyen américain , l faudrait 4 à 5 planètes pour satisfaire les besoins.

On commence à comprendre, en 2000, que non seulement l’humanité s’est fourvoyée en 1979 derrière Thatcher et Reagan,  mais que dès 1945 elle a fait le contraire de ce qu’il fallait faire.

Il fallait faire la paix, construire un monde meilleur. C’est ce qu’on a écrit sur un bout de papier nommé Déclaration Universelle  des Droits de l’Homme.

En fait on a continué la guerre, qu’on a appelée « froide » .  Affrontement Est Ouest. Il y eut de vraies guerres, entre amis et ennemis des deux blocs : Guerres de Corée, Indochine, Cuba, Angola  avec des morts,  et un système pernicieux de dissuasion par équilibre de la terreur…. .

Dès le premier usage de la bombe atomique sur Hiroshima, en août 1945 un mouvement d’opinion, dont fit partie Albert Camus, manifesta sa volonté de voir cette arme interdite. C’aurait été le bon  sens.  Mais il ne faut pas trop demander à l’homme ; il est intelligent, mais il a ses limites. Donc la bombe proliféra sans être employée, ce qui est le comble de la stupidité.

Mais en 1970 tout le monde pouvait connaître les travaux des écologistes qui avaient réfléchi aux effets délétères des activités humaines sur l’équilibre  des phénomènes naturels.  Le livre « Printemps silencieux » date de 1962. Des travaux de personnalités prestigieuses telles que le Commandant Cousteau, René Dubost,  René Dumont, Al Gore, André Goertz, Jean Maris Pelt, Claude Lévy Strauss, Edgar Morin,  tous étaient unanimes  pour limiter l’impact délétère des activités industrielles sur les équilibres naturels, l’impact des gaz à effet de serre sur le climat.

Le mouvement de mai 68 aurait pu mobiliser l’opinion, mais il fut trop brouillon pour être crédible et efficace.

C’est donc au début des années 70 que l’humanité  prit la mauvaise route, la route  de la consommation effrénée au lieu de la voie de la sagesse. Les hommes étaient sur terre pour s’éclater, pour vivre intensément, pour s’enrichir même si c’était aux dépens des autres. Les plus puissants ont cru appartenir à une catégorie d’humains supérieurs qui pouvaient bénéficier de l’immortalité.  

Mais la voie de la sagesse est étroite, et trop d’adeptes s’y bousculent, voulant chacun imposer   sa solution écologique ou spirituelle. Il faut surtout éviter de persister dans le fléau des guerres de religion. Et des idéologies.

La plus grande erreur de l’homme est de croire qu’il constitue une exception dans le monde animal, qu’il est d’une essence supérieure, qu’il a une âme immortelle, et que le monde , animal et physique,  même la lune et la planète Mars, lui appartiennent qu’il peut en disposer à sa guise, pour son plaisir et son caprice  et cela depuis la nuit des temps.

Les qualités souhaitables à une société nouvelle et pacifiée auxquelles on pense en premier sont le réalisme, le pragmatisme, la modestie, l’humilité,  la simplicité, la bonté, l’esprit critique,  la frugalité, la sobriété, la tempérance, etc…….Bien sûr il faut une société respectueuse des Droits de l’Homme.

Mais ce n’est pas suffisant. Il faut comprendre que il ne suffit pas que l’homme ait des droits.  La notion d’obligation prime celle de droit qui lui est subordonnée et relative.   Phrase de Simone Weil à méditer.

Simone Weil ajoute la notion de  « besoins de l’âme »   Voir plus haut ; ordre, etc…..

Simone Weil prédit, en 1942 , que certaines sociétés sont prédisposées à tourner vers la barbarie si elles ne permettent pas la satisfaction des « besoins de l’âme ».  Certains de ces besoins sont la « spiritualité ».  Les démocraties sont fondées sur une croyance en la valeur morale de la personne humaine.

C’est une croyance car il y a des pervers même en démocratie, Mais croire en la notion de valeur de l’homme permet aux démocraties de fonctionner plus harmonieusement.

Hitler ne croyait  pas à la spiritualité.  Il pensait obtenir la grandeur de l’Allemagne  en utilisant la force. Il a abouti à la barbarie.

Les sociétés qui fondent leur valeur uniquement sur la liberté individuelle sont menacées elles aussi par la barbarie : compétition conduisant à une société inégalitaire.  Exemples américains de communautarisme

Cela n’empêche pas au cours de la recherche scientifique  l’enthousiasme et le plaisir de la découverte..  Et c’est cet enthousiasme que nous ont communiqué les Lumières.  Mais les Lumières ont commis la grave erreur de ne pas anticiper les effets pervers de la société industrielle.

Je me suis toujours demandé pourquoi certains artistes, musiciens en général , ont besoin de bruit pour exercer leur talent. Je pense bien sûr à Johnny mais le phénomène est général et le public demandeur. Idem pour la dépense d’énergie gaspillée dans le moindre spectacle. On a besoin de bruit et de fureur,  non seulement dans les courses automobiles, les matchs de foot, de boxe, mais aussi dans les cabarets et dancings et fêtes foraines, et même des fêtes de famille.

L’engouement pour les « sports extrêmes » traduit un désir de « dépasser ses limites ». Curieux conte sens ! Par principe, en mathématiques, on ne dépasse pas les limites, puisque ce sont des limites. L’hyperbole se rapproche de plus en plus des axes de coordonnées, mais ne l’atteint jamais, même à l’infini.

Bolt n’a pas dépassé ses limites en courant le 100 mètres en 9 sec.58.  Il a « découvert » sa limite à lui, Bolt, limite supérieure à celle des autres, mais limite quand même Ma limite à moi ne fut que 15 sec…….

Evidemment il parait fort improbable que toute  l’humanité adopte du jour au lendemain un programme aussi contraignant. Mais il faudrait au moins  qu’on respecte les engagements pris.  En 1948 on a gravé dans le marbre des formules comme « tout homme a droit à la vie » , ou « toute forme de torture est interdite »  et on a couru tuer et torturer des hommes en Indochine et en Algérie.

 

Tout ce développement sur le choix de société à adopter  concerne ce qu’il aurait fallu faire en 1950.  

Aujourd’hui, c’est trop tard ! On ne peut Plus

Il faudrait quand même suivre un code moral universel et le respecter.  Ce code existe :

« la Franc Maçonnerie…a pour objet la recherche de la vérité, l’étude la la morale et la pratique de la solidarité, ; elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité..

Elle a pour principe ;  la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience..

Elle attache une grande importance à la laïcité.

                      Elle a pour devise : Liberté, Egalité, Fraternité. »

 

  En fait il n’y eut pas réellement de guerre directe entre Américains et Soviétiques,  mais plutôt un surarmement massif dissuasif et  réciproque. de façon à réaliser  l’équilibre de la terreur.  Chaque camp a réalisé un arsenal gigantesque de bombes atomiques en sachant à l’avance qu’il ne s’en servirait pas à cause des effets dévastateurs et imprévisibles. Pourquoi construire des bombes coûteuses alors qu’on sait qu’on ne s’en servira pas ?  Pour cette raison complètement tordue que l’adversaire lui aussi a construit des bombes, qu’il pourrait s’en servir et qu’il vaut mieux être le premier à tirer. Et, alors que des famines frappaient certains pays, les Américains ont dépensé des sommes colossales pour construire des bases en Islande afin qu’il y ait en permanence  dans le ciel un avion américain porteur d’une bombe destinée à frapper l’URSS.

Dès la fin des années 50,  des savants, des intellectuels avaient mis en garde  contre les dangers

 

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